Cantiere biografico
degli Anarchici IN Svizzera








ultimo aggiornamento: 01/09/2025 - 18:52

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ESSEIVA kiko (Christophe)

Kiko (Christophe) Esseiva (24.02.1975-03.11.2024)

Originaire de Galice (Espagne) du côté maternel, Kiko grandit dans la région de Morges (VD). Adolescent révolté, il fréquente le milieu punk à Lausanne, se politise en écoutant des groupes anarcho-punk comme CRASS ou Disaffect et officie lui-même comme guitariste dans le groupe punk-rock Pesticide. En 1993, il participe à l’occupation du premier espace autogéré de Lausanne (Primerose)1. Il habite en collectif dans l’annexe d’une maison obtenue en contrat de prêt-à-usage dans le quartier de La Sallaz, s’implique dans l’Infokiosk de l’espace autogéré et développe un important réseau de contacts, contribuant à faire tourner de nombreux groupes de musique engagés de toute l’Europe. Il fait aussi partie des premiers cercles à promouvoir le véganisme dans la région, bien avant que celui-ci ne soit récupéré par la grande distribution.

Après une scolarité difficile, il commence un apprentissage de peintre en bâtiment, où l’atmosphère virile des chantiers lui est particulièrement pénible. Il est marqué par ses collègues plus âgés dont les mains tremblent à force de les laver à la térébenthine pour gagner quelques minutes sur la journée de travail. Il abandonne cette formation pour consacrer à fond à l’espace autogéré, alors menacé d’expulsion (Primerose). Son patron vient personnellement sur place pour tenter de le «récupérer», en vain. Comme beaucoup d’autres membres de la «scène alternative», Kiko travaille ensuite quelques nuits par mois en tant que veilleur/intervenant social au nouvellement créé Sleep-in, structure associative d’hébergement d’urgence, issue d’une décennie de luttes mais financée par les autorités, et qui comporte à ce moment-là une part de bénévolat et de militantisme. La profonde misère qu’on y côtoie contribue à une perception accrue des inégalités engendrées par le système capitaliste et l’hypocrisie toute helvétique de cacher la poussière sous le tapis, tout en questionnant le rôle du travail social, fût-il exercé de manière moins institutionnelle.

En parallèle, Kiko s’implique avec constance dans les luttes locales (squats, écologie, culture alternative, anti-répression, antinucléaire, antifascisme, plus tard antimondialisation,…)2. Lorsque l’espace autogéré investi les anciens dépôts de bus de Prélaz en 1995, il fait partie du groupe de personnes qui y emménagent. Grand lecteur, curieux et autodidacte, il aiguise sa conscience politique et son rapport au monde dans un démarche largement introspective. D’adolescent hargneux, il devient une sorte de «sage» mûrement réfléchi, dont le sérieux impressionne même ses proches. Avec des personnes qui lui sont chères, il fonde de nouveaux groupes de musique, parmi lesquels Vide psychique. Il accompagne également d’autres groupes en tournée, soit comme musicien, comme performeur (Necrospasm E122+) ou comme technicien. Ces activités musicales l’amènent au fil des ans sur la route des Balkans jusqu’en Grèce, en Ukraine et en Russie, en passant par l’Angleterre et l’Irlande.

À la fin des années 1990, il vit quelques temps en communauté plus restreinte au squat de la Colline, reliquat du deuxième espace autogéré. En quête de cohérence maximale entre la théorie et la pratique, très exigeant d’abord envers lui-même, il est aussi sensible aux limites, aux contradictions et au sectarisme du milieu alternatif, avec qui il prend progressivement de la distance, sans pour autant renier ses convictions et en continuant à «faire le son» pour de nombreux concerts dans la scène alternative. Il se concentre encore plus sur la musique, perfectionne ses techniques de guitare, se met au piano (et au karaté) et se lance dans des explorations sonores plus expérimentales dans le prolongement de sa K7 Introvertiges (1997), première d’une série de créations, toujours auto-produites, à tirage souvent ultra limité, en dehors des circuits commerciaux3.

Après avoir suivi une formation renommée d’ingénieur du son à Genève (SAE Institute), il exerce durant une quinzaine d’années cette profession à la Radio romande à Lausanne. Il s’établit dans un petit appartement dans le quartier populaire du Tunnel, bientôt rejoint par sa compagne Priscille, avec qui il forme un duo de vie et artistique depuis 2008 et aux côtés de laquelle il endosse un combat inégal contre l’électrosmog, notamment la généralisation de la 5G. Gravement atteint dans sa santé, il poursuit les productions sonores non académiques sous divers noms (Nouveau nez, Nonobstant) : K7, CD, vinyles, concerts, expositions de «bruiteurs» auto-construits avec du matériel de récupération, etc., qui lui valent une certaine notoriété dans la scène underground électroacoustique bruitiste. Il donne son dernier concert en octobre 2024 durant le LUFF (Lausanne underground film & music festival), à l’occasion de la parution du livre livre qui lui est consacré dans la collection Rip on/off.

Il y exprime ainsi la philosophe de sa «musique concrète» :
Si nous écoutions le monde, il serait différent. [...] Ne pas laisser l’insistance des moteurs nuire à l’expression et à l’imagination d’un autre monde.4

Et s’amuse à détourner avec malice le célèbre énoncé de Bakounine :
Le bruit des uns [ne commence pas] là où s’arrête celui des autres. Le bruit des autres étend le mien à l’infini.5

Comme en écho contemporain au fameux «refus de parvenir» formulé par Albert Thierry il y a plus d’un siècle, il écrit encore :
J’aimerais encore vous dire que j’espère rester un amateur, puisse le cours de la vie me préserver du professionnalisme.6

 

Conformément à son souhait, ses proches et le personnel soignant renoncent à l’acharnement thérapeutique après une énième hospitalisation. Ses cendres sont enfouies sous un arbre majestueux dans le parc de l’Hermitage à Lausanne.

Une partie de sa collection de vinyles 45 tours anarcho-punk a été déposée au CIRA de Lausanne en 20197.

 

1Pour une histoire de l’espace autogéré de Lausanne, voir :

- 10 ans d'Espace autogéré, 1993-2003, Infokiosk, 2003 ;

- 20 ans et les poules n'ont toujours pas de dents... : Réflexions autour des 20 ans de l'espace autogéré de Lausanne, T’Okup, 2013

2Pour un aperçu de ces luttes, voir les revues : Journal du Rézô (1993-1999), T’Okup ! (2000-2020)

3Phonographie sélective disponible dans : Kiko Esseiva. Le silence rend les bruits merveilleux (Van Dieren, collection rip on/off, 2024), pp. 108-111.

4Le silence rend les bruits merveilleux, op. cit., p. 23 et p. 66.

5Idem, p. 61.

6Idem, p. 26.

7Voir : Les 45 tours de Kiko Esseiva, un témoignage de la vivacité de la scène anarcho-punk européenne des années 1990-2000, Bulletin du CIRA, n°81, 2025.


FONTI:

GB / testo di chri/cira-lausanne 28.8.2025 /




CRONOLOGIA: